Le ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, est sorti intact dimanche d’une tentative d’assassinat près de Tripoli. Faisant craindre une reprise des violences en plein effort pour une transition politique dans un pays miné par les luttes d’influence et le poids des milices.
« Le ministre de l’Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, a été la cible d’une tentative d’assassinat dimanche à 15H alors qu’il retournait à sa résidence à Janzour », a indiqué le ministère dans un communiqué. « Un véhicule blindé (…) a ouvert le feu sur le convoi avec des mitrailleuses et les agents de protection du ministère ont riposté en ouvrant le feu sur les assaillants », ajoute le texte.
Un échange de tirs intense a été entendu pendant quelques minutes sur la route côtière de Janzour vers 15 heures locales. Les forces de l’ordre ont ensuite fermé cette route pendant une heure. Selon un membre de l’entourage du ministre, « deux des assaillants ont été arrêtés, le troisième, Radwan Al-Hangari, a succombé à ses blessures ». Les trois assaillants sont originaires de Zawiya, à 50 km de Tripoli.
Fathi Bachagha fait partie du Gouvernement d’union nationale (GNA) sortant de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli et reconnu par l’ONU. Il était fortement pressenti pour le poste de Premier ministre par intérim, finalement revenu le 5 février à Abdel Hamid Dbeibah, dans le cadre d’un processus politique parrainé par l’ONU.
Désigné en 2018 ministre de l’Intérieur, ce cacique de 58 ans a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Il mène aussi une campagne pour réduire l’influence des milices qui résistent à l’autorité de l’Etat, offrant notamment des stages de formation aux miliciens ayant accepté d’intégrer les forces de l’ordre.
Dix ans après le soulèvement appuyé par l’Otan qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est toujours minée par les luttes de pouvoir, divisée entre deux autorités rivales, sur fond d’ingérences étrangères. Le GNA à Tripoli et des autorités parallèles dans l’Est liées à l’homme fort Khalifa Haftar. Le 23 octobre, les deux camps rivaux avaient signé un accord de cessez-le-feu permanent avec « effet immédiat », après des discussions à Genève sous l’égide de l’ONU.